Ce fait est raconté dans la bible au Livre du prophète Jérémie* qui vécut au 5e siècle avant notre ère. Le roi voulait se débarrasser une fois pour toutes de ce prophète gênant. Il livra l’homme aux militaires de sa garde rapprochée. Alors ces hommes se saisirent de lui, le ligotèrent et le plongèrent dans une citerne. On le descendit avec des cordes. Dans cette citerne il n’y avait pas d’eau, mais de la boue, et Jérémie enfonça dans la boue.

Quelques jours plus tard, le roi se ravisa de la cruauté de son geste. Il ordonna que l’on tire Jérémie de son mauvais sort. Les amis du prophète ouvrent le rebord de la citerne et au fond, ils aperçoivent l’homme la tête élevée. Ils interrogent alors Jérémie : «Es-tu vivant?» – «Oui, répondit-il du fond du puits». – «Que vois-tu? – Maintenant, répondit le prophète, je vois la lumière!» Quand l’on est dans l’obscurité, voir la lumière est une expérience tonifiante.

Bien tardivement dans ma vie, j’ai appris que les thérapeutes conseillent souvent aux personnes qu’ils accompagnent de marcher le regard levé et porté au loin, comme s’il voyait l’invisible. Il semble que cette façon de faire permet de trouver plus de tonus, plus de paix, plus de goût à la vie, même si celle-ci est pleine d’embûches.

L’expérience du prophète Jérémie vaut toujours pour aujourd’hui. Quel que soit notre état, elle nous aide à vivre, à rester dans la confiance et dans la clarté. Garder le regard levé et le porter vers le lointain fait découvrir des raisons d’espérer. N’est-ce pas l’attitude à privilégier pour qui veut trouver dans sa vie un plus grand dynamisme?

* On trouve cette belle histoire du prophète: au Livre de Jérémie, chapitre 38, versets 4 à 13.

† Dorylas Moreau