Souffrance et émerveillement
J’assistais au baptême de plusieurs enfants. Les parents devaient émettre un souhait pour leur bébé. Un jeune papa prononce la prière suivante : « Qu’il demeure sensible à la souffrance qui l’entoure ! »
Quel souhait pour un petit être qui arrive à la vie ! Celle-ci n’aurait-elle que de la souffrance à offrir ? Rêver le meilleur pour son enfant importe, certes ! Mais le constat que nous souffrons sur cette planète s’impose. Composer avec la souffrance physique, psychologique et spirituelle, demeure l’apprentissage d’une vie.
Toute surprise et émerveillée, il m’est apparu que ce jeune homme avait fait un sérieux bout de chemin ! Il avait déjà reconnu que la voie de la paix et du bonheur passe plutôt par l’ouverture à la souffrance.
Me fermer à la souffrance des autres nécessite que je nie aussi la mienne. Si non, cette dernière sera réveillée par celle des autres. Une telle fermeture à mon vécu intérieur et extérieur aura le malheur de renforcer mon système de défense, m’isolera dans ma carapace, dans la rigidité de mon armure.
Mais comment accueillir une souffrance immense, insupportable ? Seul, c’est impossible ! Ça écrase, ça déprime, ça détruit. Nous avons besoin d’oreilles et de cœurs réceptifs pour traverser la souffrance. À deux, c’est possible ! Cherchons des personnes de confiance. Ce peut être des professionnels de l’écoute. Osons l’ouverture à ce qui fait mal en dedans, pour en être délivrés !
De plus, Jésus nous apprend que le cœur du Père attend sans cesse que nous nous approchions et que nous lui partagions nos souffrances. Il agit alors, nous soulage et nous guérit. En même temps, Il nous apprend à devenir des oreilles et des cœurs ouverts à la souffrance, à être remués aux entrailles, à agir par notre présence, par notre écoute, par notre prière, par notre don. Cette proximité agissante engendre la paix et le bonheur.
« Que mon cœur s’ouvre à la misère et à la paix là où le dialogue est enraciné. »
Prier la Parole, Novalis, No 103, p.6