Contrastes et renouveau
J’observe de ma fenêtre des bouleaux bien enracinés. Ils m’offrent un immense bouquet de feuilles printanières d’un beau vert tendre. Je suis ravie de les voir se déployer, habiller le paysage, l’égayer. Les têtes rabougries de ces arbres, garnies de branches nues, ternes, comme éteintes ne m’empêchent pas d’apprécier l’ensemble, de m’en émerveiller. Bien sûr, elles font contraste avec la magnificence du reste. Contraste saisissant tout de même un peu comme les écarts de température chez nous ou encore le confinement se jouent de nos merveilleux projets ensemble. Nous savons que les peurs, les manques, les rivalités, l’ignorance, l’avidité risquent de faire échec à notre aspiration, celle de bâtir un monde meilleur pour l’ensemble des populations, aspiration ravivée dans le contexte que nous traversons. Vivre avec les beautés et les misères de notre monde sans tarir nos espoirs de renouveau, notre confiance, n’est pas de tout repos. Vivre les difficiles bouts de branches nues, sans renoncer au développement, à l’amour, à la joie, à la paix fait appel au dépassement. De ma fenêtre, porter mon regard au-delà du sommet rabougri des arbres jusqu’au ciel azuré me fait plonger dans la beauté du monde, me donne de continuer à croire, dans le réalisme des contrastes, de la dualité, des différences au bonheur, à « l’univers béni de Dieu »…
Lucie Trudel