LE GRAND FEU DE 1922

Rénal Dufour

Si tout le Québec (ou à peu près) connaît le GRAND FEU du lac Saint-Jean du 19 mai 1870, qui connaît celui du Témiscamingue du 4 octobre 1922?

À peine relevés du feu de 1916 et de l’épidémie de la grippe espagnole de 1918, la jeune colonie du Témiscamingue est rasée de Notre-Dame-du-Nord à Nédelec. Cinquante-trois familles perdent tout : bâtiments et récoltes.

Ça crie. Ça pleure. Ça court. Tout flambe! Les gens se réfugient dans les cours d’eau. Et au matin du 5 octobre, tout repose sous six pouces de neige… Un malheur n’arrive jamais seul.

Comment passer l’hiver?

Il a fallu du courage, de la détermination. Se lever avant la barre du jour et se coucher la nuit tombée.

Se retrousser les manches et compter les unes les uns sur les autres. Se contenir de peu.  Souvent même de très peu et même de pas assez.

Mais le village de Nédelec continu. La journée du samedi premier octobre dernier a été jour de mémoire. Cent ans après les évènements, les gens ont choisi de passer du tragique du Grand Feu au magique de la résilience.

Oui, un pays ne se construit pas sans audace, sans solidarité, sans coopération.

S’il faut attendre l’engagement des capitales pour que les régions se développent, on peut chanter, comme Rina Ketty et ma mère « J’attendrai le jour et la nuit, j’attendrai toujours… »

Pour ne pas attendre des capitales qui n’ont rien à cirer des régions, prenons notre courage à deux mains et osons l’avenir !

Pour dépasser les désespérantes lenteurs des capitales, osons s’inventer ici et maintenant.