Adieu grand-papa
La vie est parsemée d’épreuves difficiles mais le deuil est sûrement parmi les plus pénibles.
Notre tristesse profonde peut teinter les décisions importantes qui doivent être prises. J’aimerais penser que les entreprises qui offrent des services funéraires ne cherchent pas à profiter de notre vulnérabilité mais ce n’est pas toujours le cas. Parfois, on peut nous faire croire subtilement que la somme dépensée est le reflet du lien qui nous lie à l’être perdu. Pourtant, à mon avis, le lien se porte dans le coeur non pas dans le regard des autres. Notre peine peut également diminuer notre jugement et notre capacité à dire « non » à des éléments superflus. Si on rajoute à cela le sentiment d’urgence de tout préparer dans un délai très court, les décisions à prendre peuvent créer des conflits familiaux.
La saine communication, la solidarité et le respect de chacun sont fondamentaux pour le bon déroulement des préparatifs. Notre incapacité à faire face au deuil peut empêcher involontairement les autres membres de la famille de poser des gestes significatifs nécessaires à leur propre deuil. Parfois, en croyant épargner les autres et en prenant des décisions pour eux, on peut leur enlever leur droit de parole. Au fond, il faut laisser la place à chacun de vivre sa peine et dire l’implication qu’il veut faire dans la démarche.
Nos enfants, témoins des chicanes mais surtout de l’ampleur de la tâche, nous ont demandé d’exprimer clairement nos dernières volontés autant au niveau de nos pré-arrangements que de nos souhaits pour la cérémonie funéraire. Si on en a jamais parlé auparavant, c’est parfois difficile de choisir ce qu’on imagine être la volonté de la personne décédée. Dans ces moments difficiles où les émotions sont vives, si tout est déjà décidé, c’est comme un dernier cadeau d’amour que l’on donne à nos proches. Ils peuvent vivre leur peine tout en sachant qu’ils respectent nos volontés.
Martine Duval