Comme des enfants

Lucie Trudel

Je me promène dans un parc à Amos avec mon frère Denis. Une petite fille arrive en sautillant. Sa joie de vivre éclatante est communicative.

Je la salue avec enthousiasme. Spontanément, elle vient nous faire un câlin. D’abord touchés par ce bel élan, nous avons, par la suite, été saisis d’apprendre, par sa mère, que cette charmante enfant est presque aveugle. Les voix l’interpellent et la guident vers les personnes à chérir. Elle est repartie tout en gambadant, fendant l’air de façon tout aussi enjouée. Il m’arrive encore d’y penser, de laisser son sourire radieux éclairer ma route. Je me surprends à fredonner, avec ravissement, ces paroles de Jacques Brel: « Un enfant c’est le dernier poète d’un monde qui s’entête à vouloir devenir grand ». « Il nous faut des poètes capables de lire la pluie, le soleil, le brouillard ou la neige. Il nous faut des poètes qui dialoguent avec l’invisible, l’indicible et le portent au monde » ai-je lu par la suite. La confiance, l’abandon, l’émerveillement, la spontanéité portent le regard au delà des apparences, plus loin. Nous avons finalement peut-être à « redevenir comme des enfants » pour accueillir le ciel déjà en nous, pour enraciner nos cœurs dans l’amour du Christ, un amour fidèle dans les beautés et les misères de notre monde, un amour à laisser fleurir et à partager dans la joie et l’espérance.