Dans la nuit, espérer l’aube
Je préparais la messe avec un groupe d’ados. L’image qui sert de déclencheur montre une terre que des mains adultes remettent à des mains beaucoup plus jeunes. J’y vois la confiance que ma génération leur fait. Quelques ados y lisent une charge que je leur impose : après avoir salopé la planète, je la leur laisse affaiblie, blessée, décomptée. Ma foi comprend notre univers comme limité et fini. Il y aura une fin du monde comme il y a un commencement du monde.
Mais les changements climatiques et les nuages noirs à l’horizon de la paix assombrissent le regard des plus jeunes. Cette lucidité sur ce qui vient sécrète une difficulté, une incapacité de voir ce qu’on fait dans ce monde, ce qu’on peut y encore faire. Condamnés à vivre la destruction de la planète, plusieurs capitulent et cèdent à une lassitude terrible. L’espérance est dure à proposer. En effet, qu’espérer quand la loi du profit écrase toutes les initiatives en faveur du climat. Qu’attendre de la diplomatie quand les armes atomiques, bactériologiques ou chimiques la devancent ? Quel est l’avenir de la liberté quand les neurosciences la dissolvent dans les algorithmes et les manipulations des nouveaux maîtres du monde ?
L’espérance me vient du matin de Pâques. Dans les ténèbres montent la lumière. Dans le désert fleurit l’amour. Dans la froidure brûle le feu du pardon. Ce ne peut pas être une évidence. Ça se décide avec courage. Dans la nuit, il reste souvent l’aube à espérer.