Des carrés rouges aux gilets jaunes
Je reviens de dîner, ce 18 janvier, au restaurant coopératif de St-Eugène.
Aux tables d’à côté, des gens ordinaires parlaient des événements. Ils sentent que des tragédies se préparent. Des conflits se trament dont nous, les gens, allons faire les frais.
La stabilité d’une société tient à un pacte social implicite. De quoi s’agit-il? Un pacte social se dessine entre les gens et les ayants quand les ayants leur concèdent des conditions de travail, des ‘avantages sociaux’ qui assurent un certain train de vie, un niveau où les gens arrivent à boucler le budget, à joindre les deux bouts.
Mais quand les gens n’arrivent plus, alors les gens se soulèvent. Le pacte social implicite est rompu. Les gens sentent qu’ils peuvent difficilement perdre plus. Alors les gens se lèvent, se mobilisent, expriment la colère refoulée. Et certains poussent jusqu’à la violence. Réponse maladroite et médiatiquement instrumentalisée par les pouvoirs pour en appeler et justifier la répression.
Le 23 mars 2012, dans le tumulte du printemps érable, j’écrivais: ‘Je porte un carré rouge.’
Le 8 février 2013, dans le bruit autour de ‘Finie l’inertie’, j’écrivais: ‘Viendra-t-il le printemps citoyen où nous choisirons la participation pour discuter des enjeux de la vie commune?’
L’homélie que j’ai donnée dans la nuit de Noël 2018 s’inspirait du sous-titre d’un livre recensé dans Le Monde diplomatique de décembre: Survivalisme. Êtes-vous prêts pour la fin du monde?
En France, je porterais sans doute un gilet jaune.1
1 Voir l’excellent dossier du Monde diplomatique de janvier 2019, pp. 13-19.