« J’ai appris à me débrouiller seul ! »
Souvent, dans mon agir d’aidante PRH, j’ai entendu cette confidence. Encore enfant, on avait exprimé un besoin légitime et personne n’avait accueilli, ou pire, on avait essuyé une rebuffade. L’enfant prit la résolution ferme : « Je vais me débrouiller seul ! » ou encore « Je n’aurai plus besoin ! » Une fois adulte, cette personne se retrouvait enfermée, impuissante à identifier ses besoins, à les prendre au sérieux et surtout, à les exprimer. Il faut bien l’avouer ! Pas de bonheur sans relations harmonieuses où nous exprimons nos besoins mutuels tout en respectant la liberté de l’autre d’y répondre ou non.
S’il va de soi qu’une certaine autonomie relationnelle est nécessaire, la dépendance si redoutée, a aussi ses vertus. Deux exemples : la fragilité, l’abandon des petits, réveillent en nous l’émerveillement, l’amour gratuit. Cette relation de dépendance construit des liens précieux et permanents. La dépendance des vieillards peut être l’occasion de partages féconds en sagesse et en compassion.
Ce piège de l’hyper-autonomie peut teinter le vécu spirituel. La foi, ouverture relationnelle à Dieu, est alors perçue comme une dépendance, voire une béquille.
Même si l’être humain démontre une puissance épatante, il demeure une poussière dans l’univers. Notre force est d’abord dans nos relations affectives. Nous sommes créés relationnels de toutes nos fibres. L’illustrent les réconfortantes phrases relationnelles peintes sur les trottoirs de Rouyn-Noranda. Nous sommes faits pour la relation, entre nous et avec notre créateur.
La foi, je la perçois plutôt comme un bâton de pèlerin qui m’aide à me tenir debout. Dans ma relation au Christ, je reçois réponse à mes besoins de sens à la vie, de support, de force d’amour, d’espérance en la vie éternelle. Quand, par peur de la dépendance, nous bloquons intérieurement cette source d’eau vive, ne nous condamnons-nous pas à mourir de soif ?