Je suis là!
« La dictature du bonheur »,
voilà le titre intriguant d’un documentaire télé. Les discours omniprésents sur la pensée positive sont mis sur la sellette ainsi que la publicité et les messages internet qui présentent en boucles des images, des standards de réussites plus ou moins accessibles, occultant les dures réalités de la vie. Un auteur y raconte avoir projeté dans son livre sur le bonheur une vie de couple et de famille idéale alors que deux mois plus tard il était en processus de séparation. Il témoigne s’être sorti de ce bourbier qu’en considérant ses limites, les épreuves du chemin, sa propre vulnérabilité. Dans une culture de performance, une société en perte de repères, on a peur du rejet, on aime se voir, se présenter comme des personnes gagnantes en tout. Faut-il se libérer de cette tyrannie? « Une émotion négative peut-être nécessaire à la survie. Elle joue le même rôle que la douleur. Elle porte le message qu’il est temps de faire le ménage, de défaire les nœuds », d’entrer en soi. Un épuisement, fort difficile à vivre, a mis un homme d’âge mûr sur la piste d’attitudes et de choix plus respectueux, plus épanouissants. Un autre son de cloche passablement nouveau : des milliers coachs de vie cherchent à apporter de la lumière sur les routes humaines. Souvent on ne sait pas. On ne sait plus. Nous découvrons, à la fin de l’émission que le père de la réalisatrice, toujours en quête de bonheur et de pensées positives, parlait très peu de ce qui n’allait pas. Cela la mettait en colère. Elle a cherché à faire la part des choses, à mettre en lumière la beauté de la compassion pour soi et les autres. Au moment de son décès, « la dictature du bonheur », qu’elle associe à une industrie, a disparue souligne-t-elle. « On a dit l’essentiel : « je suis là! »…