La part du mystère dans l’amour
Un ami me dit, droit dans les yeux, en parlant de ma foi : « Pourquoi, Ginette, crois-tu en quelque chose qui n’existe pas ? »
Pour lui, Dieu n’existe pas et c’est une évidence. Mais l’existence ou la non-existence de Dieu n’est pas de l’ordre de l’évidence. Même s’il est raisonnable de croire, avec Dieu, on est plutôt dans la logique de l’amour. Le Dieu auquel je crois n’est qu’Amour.
L’amour, c’est l’émerveillement devant l’autre et le respect de sa liberté. Si Dieu manifestait son existence de façon évidente à travers les âges, sa grandeur forcerait notre adhésion, voire notre soumission. La force n’est pas dans la logique de l’Amour. Il veut être aimé. Il nous invite avec délicatesse et discrétion. Il respecte notre liberté d’aller vers lui, de le choisir ou non.
Nos vies renaissent chaque matin. Nous décidons à tout moment. Il y a tous les possibles en l’autre. Avec Robert, nous avons célébré notre quarante-huitième anniversaire de mariage. Malgré ce compagnonnage prolongé, je ne peux prédire ce qu’il décidera demain. Il y a toujours une part de mystère en l’autre.
Plus nous vivons l’expérience de la relation de proximité, plus la foi en l’autre grandit. À travers un certain mystère, notre Dieu nous invite à ce type de confiance amoureuse, libre et issue d’une fréquentation prolongée.
« Te rencontrer sans te réduire, te désirer sans te posséder, t’aimer sans t’envahir, te dire sans me trahir, te garder sans te dévorer, t’agrandir sans te perdre, t’accompagner sans te guider, et être ainsi moi-même au plus secret de toi .»
Jacques Salomé ( cité dans Prier la Parole, Novalis, No 117. p 26)