Les saints Innocents
L’Église catholique rappelle le 28 décembre la mémoire des enfants massacrés par Hérode. L’évangile dit: ‘Alors fut accomplie la parole prononcée par le prophète Jérémie : Un cri s’élève dans Rama, pleurs et longue plainte : c’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, car ils ne sont plus.’
Au moment où s’approche l’An nouveau, est-il contre-indiqué de souligner tant d’innocences mutilées?
Un cri s’élève depuis l’est de la République du Congo : des hommes, des femmes et des enfants y sont déplacés et assassinés par les ambitions de l’Ouganda, du Rwanda et du Burundi, dans le silence et la complicité des ‘grandes puissances’ et de la ‘communauté internationale’. Des forêts profonde du Kivou, pleurs et longue plainte.
Un cri s’élève des montagnes du Kurdistan : des hommes, des femmes et des enfants y sont déplacés et assassinés par les ambitions de la Turquie, de l’Irak, de l’Iran et de la Syrie, dans le silence et la complicité des ‘grandes puissances’ et de la ‘communauté internationale’. Dans les ruelles de Mossoul, pleurs et longue plainte.
Un cri s’élève depuis les réserves autochtones du Canada : des hommes, des femmes et des enfants y ont été déplacés, abusés et même assassinés par le projet assimilateur de l’État fédéral, dans le silence et la complicité des Églises. Dans la mémoire des anichinâbeg, pleurs et longue plainte.
Combien pleurent encore ces enfants et ne veulent pas être consolés, car ils ne sont plus?
Pour que la joie de Noël soit légitime, n’importe-t-il pas qu’elle accueille les chagrins de notre monde?
Rénal Dufour, prêtre et curé