Lettre à Francine
Francine Turbide est décédée d’une maladie dégénérative fulgurante. Son unique fille, Isabelle Rivest, a partagé récemment, avec emphase et sensibilité, le récit douloureux de sa « disparition. On l’aime mais on ne la reconnaît plus »…
Je veux te rendre hommage, Francine, suite à la mise en lecture du texte de Isabelle. Quel bel héritage tu lui as transmis avec la complicité des tiens: tes familles témiscabitibiennes et madeliniennes que tu qualifies » d’ouvertes, enjouées, aimantes, imparfaites, impliquées, allumées ». J’ajoute tes familles imprégnées du désir de rencontres vraies; le vent dans les voiles pour enrichir, mettre en commun, répandre des lumières, bâtir des ponts. Au cours de ce récit, votre lien profond, mère-fille, était palpable: celui de l’amour de la vie, de la nature et de la fantaisie au quotidien; celui du chemin douloureux du dépouillement, des souffrances à traverser pour rebondir; celui des aléas vécus par les proches aidants; celui de « l’amour d’absence ». Palpable à tel point qu’on a évoqué le besoin d’une suite à travers la parution d’un livre bien à soi, à nous, pour continuer de puiser, de nous retrouver en communion, en actions quant aux grandeurs et défis humains fort bien traduits. Chercher et donner sens à la vie, à la mort, à la souffrance dans l’entraide et la compassion. Et puis, quel cadeau que ce message à tes petites filles et à nous finalement: « je tiens à te transmettre une merveille qui transcende et englobe tout le reste. J’ai hésité un peu entre la foi, la santé, l’art d’aimer et d’être aimé. Je choisis la foi en quelque chose ou en quelqu’un de plus grand que nous. Une force d’amour et de lumière intemporelle, universelle et inconditionnelle qui te donnera, pour toujours, à tous les jours de la vie, la certitude que la vie est belle et que le monde est bon. Et qu’au delà de toutes les failles, les manques d’amour et les faiblesses de l’humanité, tu sauras pour toujours trouver l’espoir »…Mes hommages et ma gratitude, Francine, pour cette ouverture du coeur. Je sais que je ne quitterai pas tout-à-fait car je crois que « l’amour ne meurt pas; qu’il se renouvelle ». Je m’inspire de Paul Claudel pour ainsi dire: « Ta grandeur, ta bonté et ta générosité sont désormais une façon de vivre »…