NOTRE PHARE
Cette chronique est probablement la plus difficile que j’ai eu à écrire jusqu’à présent. Avec mes 51 ans bien sonnés, la vie m’a particulièrement gâté. Pourquoi? Oh! Je n’ai pas beaucoup de mérite. Afin de traverser cet océan parfois parsemé de tumultes qu’est la vie, cette dernière m’a fournie le plus beau mais surtout le plus solide des bateaux. Je ne vous dis pas que je n’ai pas besoin à l’occasion de réparer les voiles ou le gouvernail mais mon bateau tient toujours le cap. Mon père étant un capitaine sans pareil, nous nous laissons guider par le phare qu’est ma mère. Lorsque souffle la tempête et que les vagues fouettent notre navire, notre phare est toujours là pour servir de repère. Elle fait littéralement partie de notre modeste équipage.
Malheureusement, avec les années, même si le petit matelot que j’étais à l’époque a pris de l’assurance, le capitaine maintenant devenu un vieux loup de mer se fatigue peu à peu. Mais soyons clair, il n’est pas prêt à jeter l’ancre pour de bon. Pour le moment, ce qui nous inquiète, c’est notre phare. Même s’il a toujours fière apparence, il est quelque peu usé de l’intérieur et nous craignons que le mécanisme faisant fonctionner sa précieuse lumière finisse par s’éteindre. Avec les années, nous avons pris pour acquis que notre phare serait là pour toujours.
Malgré tout, croyez-le ou non, depuis quelques temps, notre phare semble briller plus qu’à l’habitude, ayant l’air de dire « Tant que je serai fonctionnel, je vous éclairerai de tous mes feux. » C’est sûrement pourquoi depuis quelques jours, alors que nous subissons notre pire tempête de mémoire d’hommes, le capitaine et moi gardons le cap comme jamais tellement le phare se tient droit et que sa lumière est brillante.
Un vieux marin m’a raconté qu’un beau soir de tempête, son phare le guidant s’était éteint mais que sitôt, une puissante étoile était apparue pour le guider. C’est pourquoi le capitaine et moi gardons confiance. Notre guide de lumière sera toujours là, même lorsque notre phare s’éteindra.
Je t’aime maman