Pâques ou la patience de Dieu

Rénal Dufour

Samuel a maintenant quinze ans. Il demeure avec ses grands-parents. Il veut que les choses arrivent lorsqu’il les veut. Il se fait répondre souvent : ‘Patience. Attends un peu’. Un soir, fatigué d’attendre, il murmure : ‘Grand-maman, la patience, c’est tout le temps long ‘.

Il a raison. Je brûle d’impatience. Face à l’incurie. À l’injustice. Aux lenteurs administratives. Aux incompréhensions. Au colonialisme. À l’impérialisme. Et aussi face à mes défauts et à mes limites. Presque face à tout, quoi !

Or, Dieu est patience. Comme l’amour quand il se décentre de son plaisir. L’activité humaine suscite quelques grandeurs et provoque nombre de misères. Dans son Amour, Dieu cueille nos grandeurs et nos misères : il les insère dans un ensemble plus grand, un horizon plus large, une ‘économie du salut’ plus profonde. Il les subsume!

Jésus marche jusqu’à la croix : en lui, Dieu assume ainsi les échecs de l’histoire humaine. Dieu prend sur lui les contorsions de l’Histoire : Il se rend jusqu’au tombeau. Dieu y prend patience. C’est le troisième jour que Jésus ressuscite.

Pâques!

De défaite en défaite jusqu’à la Victoire. En un certain sens, Pâques, c’est la ‘vengeance de Dieu’, la réponse de Dieu aux complots de la haine, du rejet, de l’injustice.

Pâques, c’est la patience de Dieu offerte à l’impatience.

Rénal Dufour