Une fermeture d’église… de la tête au coeur

Lucie Trudel

Dans notre église de paroisse, nous y venions pour prier, éclairer, célébrer . Nous y venions pour méditer, parler à Dieu de nos misères et aussi de nos joies: du petit dernier qui a fait ses premiers pas le matin, des projets, des deuils petits et grands. Nous y venions parler à Dieu de nos enfants qui sont ailleurs et ainsi, un peu présents. Un matin, confie l’un et l’autre, je me souviens avoir maugréé à cause du salaire qui ne rentrait plus. Plus tard c’est la santé de ma belle-sœur qui me tourmentait puis ce fut la guerre, les problèmes de pauvreté et de violence qui prenaient visages.  Dans le recueillement, nous souhaitions plus d’amour, de douceur et de compassion dans nos coeurs, dans nos familles et nos groupes sociaux. Les célébrations donnaient sens au quotidien et aux grands passages de la vie. Nous y venions parfois simplement pour louer et remercier. Nous y venions pour apprécier nous retrouver ensemble, échanger sur le perron ou dans le cadre des ressourcements. Les rendez-vous de la chorale, la fête des bénévoles ne manquaient pas d’éclats, de sentiments nobles et doux. Nous y venions pour partager avec les plus démunis. Le jour de la guignolée, telle une fourmilière, se voyait très animé. Plusieurs ont adopté les espaces devant ou les bancs de côté après avoir consacré un pourcentage de leur maigre salaire à la construction, à l’animation et à l’entretien des lieux témoins. Nous avons quitté l’église comme on quitte une terre d’accueil, de rassemblements. Que restera-t-il ? À y regarder de près, au coeur de la relation à Dieu; au coeur de la rencontre des personnes, un bel héritage: des mots, des gestes et des prières  ont façonnés dans l’ouverture, la foi et l’espérance…